Photographies d’objets, de gestes et de paysages
agricoles dans la métropole parisienne.
Avec le soutien à la photographie documentaire contemporaine du
Centre national des arts plastiques (CNAP).
en collaboration avec
UMR AUSser (Architecture Urbanistique Société : savoirs, enseignement et recherche), CNRS, ENSA Paris-Belleville.
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Dans la continuité de mes recherches sur les relations entre les éléments naturels et les formes d’occupation humaine de l’espace et plus généralement sur les relations ville-nature, Le principe de ruralité ambitionne de documenter les formes de la ruralité contemporaine induites par la persistance ou les nouvelles formes de production agricole dans l’agglomération parisienne.
La métropole du Grand Paris, comme toutes les mégalopoles mondiales, devra intégrer dans ses réflexions la lourde question de l’alimentation de ses 12 millions d’habitants ; l’enjeu étant notamment la prise en compte des impératifs imposés par la situation écologique ainsi que des évolutions des modes de vie des urbains contemporains : désir d’accès a la propriété, envie de « nature », besoin de mobilité ou de confort numérique, nécessité de l’accès aux services publics, évolution des modes de consommation, etc.
Relever ce défi implique d’envisager une « hybridation consciente entre ville et agriculture, en développant en d’autres termes les moyens d’un urbanisme agricole » (Rémi Janin, La ville agricole, Openfield, 2017) dont un des enjeux serait le raccourcissement des circuits entre production et consommation. Cela implique donc notamment de modifier l’organisation des modes de production par la conversion d’une partie de l’agriculture céréalière (encore très présente aux limites de la « tâche urbaine », et ce parfois sans interface avec les zones bâties) vers de la production maraîchère, par la multiplication des zones de productions collectives, participatives ou solidaires, par l’augmentation des potagers privés ou partagés, ou encore par l’éclosion de projets technologiques innovants intra-muros.
Le principe de ruralité documente depuis 2015 ces bouleversements spatiaux à l’œuvre, l’avènement de ces nouvelles sociabilités, l’apparition (ou la réapparition) de métiers qui génèrent chez les grands Parisiens des rapports inédits à la terre, aux aliments et font émerger de nouveaux paysages. Site après site, il s’agit pour moi de visiter toutes les formes d’unité de production (intensive, familiale, associative, expérimentale, solidaire ou d’insertion) afin de montrer les espaces et les manières de produire, de distribuer ou de consommer issues de ces évolutions.
L’expérience du terrain me montre que nos représentations séculaires de la ruralité sont, au contact de la ville, bousculées par la transposition des scènes de vie agricole dans un décor urbain, par la présence de formes et d’objets présents dans les epsaces de production généralement attribués à la ville ou par les apparences vestimentaires des exploitants, par exemple. Il me faut donc jouer avec ces codes afin de proposer des images capables de montrer les spécificités de ces nouveaux rapports ville-nature.
Ce travail passe par le production d’images de paysages pouvant renseigner sur la nature des interpénétrations entre espaces bâtis et espaces de production, d’images d’objets renvoyant tantôt à une idée séculaire de la ruralité, tantôt à l’hybridation ou à la récupération des formes issues du monde urbain, ou d’images de gestes témoignant d’un rapport physique à la terre autant que d’une technicité habituellement attribuée au monde urbain.
MÉTHODE
Pour appréhender ce vaste territoire de l’agglomération parisienne (du centre de Paris aux confins de la « tâche urbaine ») aux enjeux multiples dans lequel s’inscrivent les zones de production, j’ai délimité (avec l’Unité mixte de recherche du CNRS AUsser) 4 fenêtres d’études de 5 x 10 km parcourables à pied. Ces fenêtres, situées dans la 2e couronne parisienne, ont été choisies pour leur spécificité agricole (zone 1-Montesson pour sa production maraichère essentiellement tournée vers la salade), leurs enjeux d’aménagement (zone 2-Gonesse-Sevran / projet Europacity, zone 4-plateau de Saclay / projet Paris-Saclay) ou pour la variété de leur maillage spatial (zone 4-Pontault-Combault). Viennent s’ajouter à ces fenêtres des lieux circonscrits accueillant tel ou tel projet de production, d’exploitation ou d’expérience, intéressant par leur caractère innovant et leur situation particulière en lien avec la ville produisant des paysages inédits.