L’OR DES RUINES
Regards du Grand Paris #4
2021
36 photographies impression Jet d’encre, Papier Baryta Prestige Canson 340g
6 cadres 60 x 80 cm, contrecollage, cadre chêne, réhausse
10 « retables » 40 x 53 cm fermé, 80 x 53 cm ouvert
principe : un cadre s’ouvre pour faire apparaître 2 images à l’intérieur
Commande photographique nationale
CNAP, Ateliers Médicis
catalogue de l’exposition ICI
Regards du Grand Paris, commande photographique nationale, 2016-2021
Textuel, CNAP, Ateliers Médicis
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Explorant un mode de subsistance alternatif en zone périurbaine, « L’Or des ruines » suit cueilleurs et cueilleuses à la recherche de produits naturels, à la lisière des zones cultivées ou dans des espaces en friche. Qu’elle se fasse en raison de la précarité ou pour avoir une relation plus directe à la nature, la pratique de la cueillette, si marginale soit-elle, est pour Geoffroy Mathieu l’occasion d’une observation anthropologique, prolongeant les travaux d’Anna Lowenhaupt Tsing sur le matsutake, un champignon qui pousse « dans les ruines du capitalisme ». Ici, mûres, cerises, champignons, plantes aromatiques comme l’alliaire ou médicinales telle l’armoise font partie des heureuses trouvailles qui se récoltent seul, en groupe ou en famille. À travers trente-six images, Geoffroy Mathieu dresse les portraits en action de ces glaneurs et glaneuses, pour reprendre un titre d’Agnès Varda. L’ensemble montre toute une variété de plantes et de savoirs liés à la cueillette : Sina ramasse le compagnon blanc à Villiers-le-Bel, Emmanuelle le millepertuis à Bondy, tandis qu’une famille chinoise au parc de La Courneuve sait valoriser la bourse-à-pasteur, et Jying et Yuannyan reconnaître l’ail des ours à Orsay. Comme dans des titres de fables ou de contes – Nathalie et l’ortie à l’arboretum du bois de Vincennes ou Thibault, Gillian, Léo et les cèpes dans la forêt de Montmorency –, les personnages désignés par leur prénom interagissent avec la plante qu’ils viennent ramasser. Progressivement, les images construisent un récit qui suit des chemins de traverse en bordure d’un champ, le long d’un grillage peu entretenu, près d’une grande route ou entre les rails de chemin de fer. Une partie des épreuves est présentée dans des caisses de bois naturel qui s’ouvrent manuellement, à la manière de retables, et révèlent petit à petit ces recoins riches en biodiversité comestible. C’est tout un peuple varié qui surgit alors pour effectuer une autre traversée de l’espace urbanisé et naturel, motivée par un but qui redistribue les points d’intérêt et offre une vision alternative des moyens de subsistance, dans des marges généreuses.
Magali Nachtergael
Texte de présentation du catalogue
Regards du Grand Paris, commande photographique nationale, 2016-2021
Textuel, CNAP, Ateliers Médicis