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Habiter le Var en vacances
CAUE VAR
2019

Commande de photographies pour l’exposition Architectopies, habiter le Var en vacances, par le CAUE du VAR, 2019.
Commissariat : Pascale Bartoli

exposition ARchitectopies, Toulon, Rue des Arts et Galerie 15, Sept-Dec 2019.

Texte de Pascale Bartoli, architecte et docteure en architecture.

Pour beaucoup d’entre nous le lieu de la villégiature familiale est une Madeleine de Proust.
L’évocation de ces lieux engendrent un faisceau de souvenirs, d’anecdotes, une mémoire physique, des sensations, des senteurs de l’été. De ce fait, ce terrain propice au bien-être et à l’utopie est sans doute un des programmes les plus opportuns à l’invention architecturale.
Aussi, imaginer une exposition sur l’architecture des vacances exige de ne pas se limiter aux thématiques constructives ou esthétiques, il s’agit de mettre en avant les habitants, saisonniers ou principaux, la mémoire d’une histoire populaire : celle du tourisme de masse depuis 50 années.
Les cités de vacances des Trente Glorieuses du littoral Varois, sujet de cette exposition, constituent une série de projets intéressante à plusieurs titres. D’abord, il nous permet d’aborder le thème des aménagements balnéaires en France, à l’initiative de la politique Gaulliste, le tourisme a constitué un véritable vecteur de reconversion des territoires et un renouveau économique pour l’ensemble du pays. En marge des chantiers pharaoniques d’infrastructures ou de la création des stations du Languedoc Roussillon, le Var a depuis longtemps adopté un modèle de développement spécifique, qu’on peut qualifier de raisonné. En effet, sur ce littoral, la valorisation et la préservation du paysage sont souvent allées de pair avec les installations d’infrastructures et de logements. Deux facteurs ont inspiré le déploiement touristique du département : c’est la période portée par les utopies humanistes de l’après-Guerre mais également sa géographie et une tradition tenace de préservation du paysage engagée depuis les années 1920 (Plan Prost pour le Littoral Varois) qui vont ancrer ses spécificités.
Dans les années 1950 à 1970, alors que les montages immobiliers des villages de vacances se sophistiquent et que les modèles d’habitat se diffusent de plus en plus rapidement, les modes de financement et de promotion des stations balnéaires restent traditionnellement insufflés par la bourgeoisie parisienne, par le monde sportif et intellectuel et relayé par les médias grand public (magazines, cinéma, télévision). Parmi cette production, on trouve une série de projets architecturaux et urbains où l’expérimentation et l’innovation ont été au cœur du dispositif de création. Réputés internationalement, ils ont été promus au rang de modèles. Une autre évolution touristique réside dans l’arrivée des programmes touristiques sociaux comme les VVF impulsés par l’État et le milieu associatif. Leurs architectures rationalistes et économiques réinvestiront les rites des vacances au nom d’une idéologie sociale et communautaire.

photos de l’exposition Rue des Arts : © Quentin Evrard
On s’interroge aujourd’hui sur le devenir de ces lieux chargés d’idées et de fantaisie. Quelles évolutions pour ces logements ou ces lieux si audacieux ? comment les habitants se sont appropriés ces lieux, l’architecture est-elle rentrée en résonance avec leurs propres vécus ?